Si vous avez suivi les animés de cet hiver vous avez peut-être entendu parlé de Wonder Egg Priority, il s’agit certainement de l’animé qui a le plus fait parler de lui parmi les fans de sakuga et l’animé est à mon sens un miracle. Non pas pour sa qualité mais pour avoir réussi à survivre dans de tels conditions, cependant jamais un animé ne m’aura autant frustré. Pourquoi donc ?
Au début de la saison, quand j’ai commencé Wonder Egg Priority je ne savais pas à quoi m’attendre, le chara-design de certains personnages me faisait penser au style de Masayoshi Tanaka et ça plus le fait que l’animé était un original a suffi à attiser ma curiosité. Et qu’elle ne fut pas ma surprise après le 1er épisodes, l’animé affichait clairement son ambition, l’animation était incroyable et la réalisation inspiré du style de Naoko Yamada l’était encore plus, le tout avec une histoire pour le moins mystérieuse et dans un format tv. Seulement au bout de quelques semaines voilà qu’un épisode récap est annoncé et qu’on apprend que des épisodes sont finis 2 à 3 jours avant la deadline.
Mais bon, jusque là rien de bien nouveau ce sont des choses qui arrivent dans la magnifique industrie de l’animation japonaise, seulement vous vous en doutez, vous ne seriez pas en train de lire ces lignes s’il n’y avait que ça.
Bien qu’en suivant l’animé on ait vu que la réalisation des épisodes n’était pas de même niveau que celle du 1er épisode celle-ci restait très bonne et l’animation ne cessait de nous montrer d’excellentes séquences de sakuga à ce moment-là se pose la question quand est-ce que l’animé va s’effondrer ? Les semaines passent et les épisodes avec, bien qu’on apprenne que les épisodes sont rendus de plus en plus proche de la deadline, l’animation tient bon et la baisse de qualité est quasi imperceptible. Puis vient l’épisode 12 et l’annonce d’un épisode final en juin le tout avec seulement un épisode récap.
Mais derrière ça l’histoire est beaucoup moins rose, derrière ça ce cache une équipe d’animateurs extrêmement talentueux qui a refusé de sacrifier la qualité de leur animé quitte à devoir cruncher comme jamais finissant l’épisode 12 quelques heures avant sa diffusion, derrière ça ce cache également de jeunes animateurs étrangers qui ont réussi à faire leurs débuts dans ces conditions chaotiques et à briller malgré ça grâce à l’aide de personnes passionnées, derrière ça ce cache un producteur qui a dû être hospitalisé 2 fois durant la production de cet animé pour cause de surmenage.
Vous l’aurez compris derrière cette animés ce cache de nombreuses personnes qui ont fait d’énorme sacrifices allant jusqu’à mettre en danger leur santé pour créer l’œuvre qu’il souhaitait créer et bien que je n’approuve pas le fait que des personnes aient mis en danger leur santé pour créer l’animé qu’il voulait, j’éprouve tout de même un profond respect et surtout une immense gratitude pour ces personnes qui ont fait tous ça pour créer leur œuvre et satisfaire un public, seulement je ne peux malheureusement pas m’empêcher d’également éprouver un profond ressentiment. Un ressentiment envers qui ?
Envers une société de production qui n’a pas été capable de croire suffisamment en un projet pour donner le temps nécessaire aux créateurs de réaliser leur vision, envers une industrie qui ne cesse de saturé un marché déjà saturé depuis plus de 10 ans, envers un système qui fait que les personnes ayant sacrifié le plus sont celle qui bénéficies le moins des retombés de leur travail.
Oui ce ne sont pas des problèmes nouveaux, oui les animateurs n’auraient certainement pas du mettre en danger leurs santés comme ils l’ont fait mais cela fait maintenant des années que ces problèmes dure et cette situation ne cesse d’empirer, les plateformes de streaming se font « complices » de ce système en ne cessant de faire augmenter la demande d’animés et en réclamant aux studios des animés originaux pour leur plateforme, on entend de plus en plus d’histoire d’assistants de production/producteurs/animateurs qui subissent des conditions de travail inhumaine et alors que la Chine autrefois sous-traitante des studios japonais se met à sous-traiter ces animés au Japon, l’industrie semble préférer se tourner vers de jeunes animateurs étrangers passionnés qu’elle pourra continuer à jeter dans ce système démentiel.
Est-il normal qu’alors que la saison de printemps viens de commencer dès le premier episode certaines productions soit déjà au bord du gouffre ? Combien de projet comme Wonder Egg Priority devront encore être sacrifiés ? Combien de staff devront encore mourir d’épuisement pour que cette industrie mette fin à cette folie ?
Récemment ces problèmes semblent avoir pris une nouvelle ampleur et bien que la covid ait eu une influence sur ces problèmes celle-ci est beaucoup moindre que la course à la surproduction de cette dernière décennie qui ne cesse de continuer avec certaines entreprises qui n’hésitent pas à remettre de l’huile sur cette industrie déjà bien en feu. Ne serait-il pas plutôt temps d’enfin payer correctement les animateurs, avant que ceux-ci ne préfèrent partir travailler sur des productions chinoises mieux rémunérées ou pire ne perdent leur motivation et quitte cette industrie ?
Fujiwara Ritsu 